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            Qui de l’œuf ?

            Chaque individu est unique et seul dans son espace vital "découpé à sa mesure". A force de se vouloir fort et imposant, d'encombrer cet espace qui lui est accordé, il a besoin d'une petite âme volatile qui lui rende compte du reste tout autour et qui soit sa mémoire. Le personnage et l'oiseau, symbole de son esprit et de sa liberté se confondent de plus en plus. Le point de départ est l’œuf, l'un ou l'autre s'y isolent ou s'y retrouvent , un jeu de complicité et de rivalité se crée entre eux. Chacun à son tour voudrait prendre la place de l'autre. Je n'arrive pas vraiment à savoir lequel a précédé l'autre, lequel est indispensable à l'autre.
            L'acte de pondre est souvent assimilé à la création artistique comme une image dégradée de l'enfantement. Il y a pour moi une manière poétique et parfois humoristique de prendre cette image au pied de la lettre. D'où vient cet œuf qui apparaît ?, chacun interprétera à sa manière, rien ne me choque. La peinture offre cette liberté de pouvoir dire sans censure ce que l'on ressent tout en le gardant comme un secret bien mieux qu'avec des mots. L'acte de création plastique peut être antérieur à l'acte de penser; j'ai l'impression en peignant de répondre à des questions avant de me les poser.
            Ma démarche est de sonder l'esprit humain, exprimer ce besoin d'éternité, de préservation de l'espèce à n'importe quel prix. C'est pourquoi je ne peux représenter qu'un personnage homme ou femme non réaliste. Le décor ne m'intéresse pas, donc je ne le traite pas. Je travaille souvent sur des toiles déjà peintes, une manière d'affirmer mes actes de les imposer dans la continuité. Le papier collé m'offre une barrière avec le support, une manière fragile qui désacralise l'objet "tableau". C'est pourquoi je n'encadre pas mes œuvres. Mon personnage se promène dans sa petite part d'atmosphère qu'il occupe entièrement, reste le mur autour.
Corinne Pradier
                                                                                                                                                                      
  
            " Elle et Lui "
            
            Il y a deux grands panneaux de toile peinte disposés l’n à côté de l’utre. À gauche, un homme légèrement courbé, à droite, une femme dressée vers le haut le bras levé. Les deux personnages sont un peu plus grands que nature et posés sur des supports qui les surélèvent à 2m20 environ, leurs pieds ne touchent pas le sol. Un oiseau,  décuplant sa force, semble porter ou pousser le géant sous son pied droit. Les toiles sont courbées sur les côtés, légèrement repliées l’une sur l’autre entre les deux personnages. Les panneaux sont posés dans un bassin d’environ deux mètres de longueur de manière à ce que les peintures dressées se reflètent dans quelques centimètres d’eau.
            Depuis de nombreuses années maintenant, je me penche sur la question du support, de l'image et de la peinture en tant qu'objet.
Dans les années 90, la peinture n'était déjà plus un tableau accroché au mur, bien des artistes ont abordé d'autres moyens d'expression.
Mon intérêt se porte sur l'entité de l'être humain, son destin, ses rapports avec l'autre, sa perception du monde et puis, la façon de traduire ces pensées par des moyens de création qui me conviennent le mieux au travers de la peinture.
La question de l'humanité est primordiale dans mon travail. mon vécu et mon ressenti s’expriment là où chacun peut se retrouver. 
            Plastiquement, je vais aller vers la technique la plus brute, les couleurs vraies qui se rapprochent du pigment, le mat. La surface peinte ne peut pas être trop soyeuse et précieuse pour que le sens ne s'y noie pas. Il reste toujours la question, celle que l'on se pose, à laquelle on ne peut pas échapper si ce n'est en détournant son regard, ce qui est encore possible...
Mes formats "organiques" découpés amènent le spectateur dans l’univers intérieur que je leur propose, Le mien devient alors le leur.
Plastiquement, je l’amène à suivre son intuition et sa sensibilité plutôt qu’à simplement regarder. Je peins sur des toiles récupérées ou en réalisant plusieurs couches. Ce qui est en dessous a une certaine importance dans le ressenti du sujet. j’ai toujours eu envie, chez les grands peintres classiques comme Rembrandt, de tirer sur un  coin de la toile pour voir ce qui se passe derrière.
Ce qui est à voir ne l’est pas seulement en surface mais en profondeur. De même pour un individu.
            Pour cette installation, j’ai fait plusieurs dessins et il y a sur chaque panneau quatre étapes successives du travail. Chaque couche est recouverte d’un papier de soie transparent. Dans la dernière version, le dessin représente les personnages nus et la peinture les montre habillés. La plupart du temps, c’est comme ça que je procède, seuls quelques grands nus m’ont amenée à traiter le corps pour traduire une réalité de l’âme au sens profane, vérité intérieure de l’être. Peindre les vêtements intègre mes personnages dans notre univers avec plus de réalité et les couleurs m’apportent une richesse de transparences et de nuances qui me sont indispensables.
            Le bassin d’eau est un élément supplémentaire qui apporte à mes personnages un côté narcissique qui ne leur convient pourtant pas. Leur aspect rugueux et solide avec de larges touches mates ne peut apporter l’idée d’un plaisir à se contempler. Une contradiction ?
L’homme et la femme sont deux individus séparés chacun sur son panneau, le léger mouvement donné à la toile tend à les rapprocher, donner un départ à leur histoire. Leur rapprochement donne une dimension poétique à leur existence.
Dans le reflet, l’mage n’est plus qu’une. Les deux personnages rassemblés le sont par ce qu’ls donnent à voir. Encore ici, où est la vérité ? Ce qui paraît ou ce qui est vraiment. l’mage est-elle représentation ou interrogation ? Où doit-on regarder pour voir ce qui est dit : dans l’eau ? sur la toile ? tirer le rebord pour voir ce qui est derrière ? Traverser la peinture et le papier pour deviner ce qui est en dessous? La question est de savoir si ce que je  présente, une peinture figurative mais non réaliste, n’est pas si éloigné de ce qui est vrai. Des personnages debout en situation ne ressemblant à personne peuvent traduire autant de vérité qu’une photo.
Corinne Pradier
                                                                                                                                                                         
  
ECRITS


  
            L'oeuvre de Corinne PRADIER  nous est donnée comme par obligation et nous transporte au centre de notre humanité.

Au travers de la peinture elle-même l'artiste nous livre ses contradictions. Les couleurs primaires et chatoyantes vibrent sur une matière légère et transparente. Pourtant, le dessin est cerné de noir et les touches mates appliquées par couches épaisses sont rugueuses et brutales. Il y a là un besoin de toucher la matière, de la modeler avec les doigts ou la paume. Un personnage, ni homme ni femme, le "grand" est presque toujours accompagné d'un oiseau, libre et fragile. La forme originelle est l'oeuf, cet ovale au départ de tout. Le format est sa destinée il ne s'y sent pas toujours à l'aise mais s'en accommode souvent, cherchant la brèche. Les questions se posent et se reposent. L'expression forte des pieds et des mains de ces personnages, nous rassure quant à notre propre existence.
Aussi encombrés que nous soyons dans notre enveloppe vitale, nous conservons l'espoir de notre libre-arbitre.
BP
                                                                                                                                                                   
            

  

                  Les Révolutionnaires

                        Même si leur représentation est illustrative avec leurs bonnets et vêtements et leur cocarde bleu blanc rouge, j'ai pris le thème des révolutionnaires au sens symbolique. Le révolutionnaire est pour moi le symbole de la quête individuelle et collective de la liberté et du droit d'exister pour chacun. J'ai travaillé pour ce thème davantage en relief en faisant ressortir le sujet dans sa matérialité. J'avais besoin de retrouver des formats plus monumentaux pour ne pas céder à l'anecdote. Le fond métallisé rend à l'individu sa noblesse et en même temps sa froide détermination. Le diptyque symbolise la réunion des deux individus dans un même acte solidaire. Il est pour moi la représentation du respect de l'autre, de sa reconnaissance, même s'ils   restent chacun uniques et séparables.
                        L'homme ne cesse de combattre pour exister, l'art est aussi mon combat pour le respect et la tolérance. L'art quel qu’il soit est un cadeau à l'humanité.
Corinne Pradier

                                                                                                                                                                   
                         
                               

  
            Art et Chapelles, Saint-Germain de Daumeray

            "Depuis 1995 j'expose régulièrement à Paris puis en Belgique dans des salons ou galeries. J'ai toujours été en priorité intéressée par le dessin, la morphologie, les portraits, les personnages. Mes peintures ont rapidement été de grands formats. En 1995, j'ai commencé à peindre sur des toiles découpées avec des formats inhabituels. La toile ne laissait pas ou peu de place au fond.
Je cherche depuis quelques années des lieux vastes qui me permettent d'exposer ces grands formats.
La proposition de participer à ce circuit arrive bien dans mon parcours. J'ai essayé d'adapter la réalisation de mes panneaux de toile découpée à cette église qui s'y prête bien.
Le concept d'un lieu du patrimoine à habiter entièrement dans un circuit commun avec d'autres artistes m'a plu. L'Art contemporain, c'est aussi rencontrer les autres et s'intéresser à leurs démarches variées.
Le tremplin entre l'histoire, le patrimoine et l'Art contemporain donne une belle façon pour le public d'aborder des œuvres qu'ils n'auraient pas découvertes autrement, et l'on s'aperçoit que l'alchimie fonctionne."

            Corinne Pradier, Présentation de l'oeuvre réalisée pour l'église Saint Germain de Daumeray
"Le personnage, l'humain est ce qui m'intéresse. Je peins pour  traduire des émotions, des sentiments. Je ne traite pas le décor. La plupart du temps, je découpe la toile au format qui est parfois surprenant. Le fond est fait de couches superposées de papiers transparents et de peinture qui donnent un effet vitrail.
L'église de Daumeray présente de grands murs. À gauche en entrant, j'ai réalisé de grandes toiles découpées en arrondi. Elles  entourent des fenêtres et des plaques d'écritures gravées., J'ai voulu raconter une histoire, poser une mise en scène.
Au fond, le plus à l'ombre, il y a un groupe de personnages qui semblent repliés, arc-boutés pour protéger leur Terre . C'est un peu le mythe de la caverne de Platon. Il s'agit là de l'ignorance, de l’intolérance, de l'incapacité à s'ouvrir au monde. Allant vers la lumière, la fenêtre , un personnage au contraire, se laisse porter vers le soleil, c'est Orphée le poète. Eurydice à son tour se laisse atteindre et attirer. Le destin, le libre arbitre sont des thèmes pour moi sources d'inspiration. Comment donner un sens à la vie. Quelle est la part de l'autre dans notre parcours, nos décisions, je ne peux m'empêcher d'être optimiste et confiante.
Sur le grand mur en face, dans une forme de gros œuf , un personnage juste dessiné de couleur sanguine rappelle les fresques romanes. La question se pose toujours, « que sommes nous, d'où venons nous, où allons nous ». L'église datant du XIème siècle me renvoie à  cette interrogation intemporelle.
Il y a aussi deux panneaux, deux couples. L'un  d'eux semble découvrir, l'autre réfléchir. Au dessus d'eux, une voûte rappelle celle du lambris éclairé du plafond de l'autel. J'ai été inspirée là par la cérémonie de mariage du braconnier Rouget qui s'est marié à St-Germain et dont on fête tous les ans l’événement.
Mon idée a été de fondre mes peintures dans le décor de l'église comme si elles  avaient toujours été là avec les questions qu'elles posent."
            
Corinne Pradier-Boillot

Corinne Pradier - Présentation de l'oeuvre par Art et Chapelles le jour de l'inauguration

"L'église de Daumeray est un magnifique édifice, qui est sans doute à la limite de ce que nous pouvons envisager pour Art et Chapelles. Non seulement elle est vaste, mais dans sa simplicité, elle dégage une force un peu impressionante.  Pour pouvoir se confronter à un tel espace, il fallait un artiste qui non seulement soit capable de travailler sur de grands formats mais qui surtout soit en mesure de dégager une puissance d’expression qui lui permette de vraiment prendre sa place dans cette église.
C’est le défi qu’a magnifiquement rélevé Corinne Pradier. Elle vit et travaille à Montgeron et j’ai vu pour la première fois son travail il y a deux ans dans une exposition au Mans.
Les personnages qu’elle peint ont une présence physique et spirituelle étonnante, et une grande force symbolique et poétique. Avec eux, elle habite véritablement cette église d’une façon à la fois puissante et émouvante, en nous proposant à son tour sa vision du monde et son regard sur le destin de l’homme."
 
Marion Julien